Aujourd’hui, je vous présente une marque bien connue des modeux – on la retrouve sur les sites Bonne Gueule et L’exception : la Botte Gardiane, dernière entreprise française capable de fabriquer les bottes traditionnelles des gardians camarguais.
La Botte Gardiane est fondée en 1958. C’est alors une entreprise familiale, spécialisée dans la réalisation des bottes de gardians, des cow-boys camarguais, chargés de surveiller les troupeaux de chevaux ou taureaux laissés en plein-air. Pour répondre aux besoins de la profession, ces chaussures doivent être particulièrement confortables, souples et solides. Ainsi, une botte gardiane est composée de trois épaisseurs de semelles superposées et cousues, dont le maintien est renforcé par des clous.
La célèbre botte modèle gardian en cours de fabrication
Malgré cette spécialisation et cette exigence de qualité, la marque connaît des difficultés financières dans les années 1990. Elle est proche de la faillite quand Michel Aghulon s’en porte acquéreur, en 1995. Son idée : diversifier la production, sans rien céder sur la qualité. Bottines et nus-pieds rejoignent le catalogue. La Botte Gardiane fait son entrée dans le monde de la mode et y apporte son héritage camarguais. C’est le succès : les icônes de l’époque – Bardot en tête – s’emparent des modèles et assurent définitivement leur renommée.
Copyright : La Botte Gardiane
Cette nouvelle orientation n’altère pas le mode de fabrication : La Botte Gardiane reste encore aujourd’hui une entreprise familiale et artisanale. Fanny, la sœur, dessine les modèles et gère les deux boutiques parisiennes. Antoine et Julien, ses frères, prennent en charge la production et la distribution des différents modèles. Toutes leurs chaussures sont réalisées en France, à la main.
Le modèle phare de l’entreprise – la botte gardian – en cours de fabrication
En 2007, ce respect des traditions vaut à La Botte Gardiane de recevoir le label EPV, Entreprise du Patrimoine Vivant. Il distingue certaines entreprises pour la rareté et l’excellence de leur savoir-faire. Créé en 2006, ce label a déjà suscité l’envoi de plus de 4 000 candidatures – et leur nombre, chaque année, ne cesse d’augmenter. Mais seules 1 393 entreprises ont, à ce jour, obtenu le prestigieux sésame. Quand on sait que plus d’un quart des entreprises labellisées EPV sont centenaires, La Botte Gardiane fait figure de jeunotte !
Pour le mériter, l’entreprise doit répondre à au moins l’un des critères suivants – dans le cas de La Botte Gardiane, les deux derniers critères sont respectés :
Maintenant que l’on sait à qui on a affaire, voyons voir comment on fabrique ces fameuses bottes !
Pour vous donner une idée, sachez que trois semaines et une soixantaine d’étapes sont nécessaires pour réaliser une paire de sandales. 21 ouvriers interviennent au cours du processus de fabrication. La Botte Gardiane m’a gentiment transmis des photos de modèles en cours de production, pour qu’on détaille ensemble ces étapes. Penchons-nous sur une botte haute, de type cavalière : le modèle city zip.
Découpage du gabarit
Tout d’abord, l’artisan utilise un gabarit, fabriqué à la main, ou un emporte-pièce pour découper les différents morceaux de la chaussure. Chaque modèle, chaque pointure a son gabarit, qui lui est propre. Puis, au pistolet, l’artisan colle la doublure à la claque et galbe le tout, par un pressage à chaud.
Collage de la doublure
Il faut encore coudre la boucle de la chaussure et sa claque, cette partie qui couvre l’avant du pied. L’artisan prépare ensuite la pose du zip et ça y est : la tige – la partie supérieure de la chaussure – est prête.
La tige de la botte city zip
Maintenant, il faut coller les flancs de la chaussure et accomplir le fraisage, c’est-à-dire qu’on va enlever de la matière à la semelle pour ajuster la forme obtenue à celle du pied. Après collage des flancs, des clous sont ajoutés à l’intercalaire et à la première de montage – les petits noms qu’on donne à deux des semelles.
Dans la fabrication de nos bottes, on en est donc là. Que manque-t-il maintenant ? Le talon !
Pose du talon
Le plus gros est fait désormais et il ne reste que les finitions : polissage et vernissage de la semelle, brûlure des fils de couture au chalumeau.
Vernissage de la semelle, d’abord au rouleau – comme ici -, puis au pinceau
Enfin, l’artisan brûle les fils au chalumeau.
La botte est prête !
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